Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

description 1.

Le "Petit Mouzillon" est unique en son genre par sa composition, par sa forme, par sa fabrication. Mais pourquoi un biscuit en forme de fleur avec 9 pétales ? comment était-il vendu ou distribué ? Pourquoi une préparation sans matière grasse ?...

Deux hypothèses se heurtent au sujet de l'origine ce "petit Mouzillon"

1- Une hypothèse entendue récemment : un vagabond de passage aurait donner la recette du "petit Mouzillon" au boulanger....

2- la deuxième hypothèse est plus ancienne : le boulanger avait voyagé, peut-être fait son service militaire en Afrique du nord et avait découvert, personnalisé et amélioré une recette... qui est devenu "le petit Mouzillon" à la sortie de son four !

Quoi qu'il en soit tous considèrent que Pierre GUILBAUD, boulanger à Mouzillon est bien le créateur de ce "Petit Mouzillon"

Les ancêtres de Pierre GUILBAUD

Pierre GUILBAUD est né au bourg de Mouzillon le 19 décembre 1816. Il est le premier enfant de Pierre GUILBAUD, né à Vallet le 08/08/1783, cultivateur et tonnelier, et de Jeanne DENIS née le 26/05/1785 à Mouzillon.

Son grand-père paternel portait le nom Pierre ou de Julien GUILBAUD; il était né en 1748 à la Brangerie un village de Mouzillon situé au bord de la Sanguèse. Ce Pierre-Julien GUILBAUD a exercé la profession de maçon. Il a épousé Marguerite BAFFREAU. Le couple a eu deux enfants Pierre GUILBAUD né à Vallet le 08/08/1783 et Jean GUILBAUD né le 08/04/1786. Marguerite BAFFREAU, fille de Jean BAFFREAU et de Marguerite MENAGER, sera l'une des victimes des guerres civiles : elle mourra tuée par les troupes républicaines en mars 1794 devant sa maison, au bourg de Mouzillon. Jean GUILBAUD, le deuxième fils, l'oncle du boulanger, exercera la profession de cultivateur. Il habite le bourg. Il épousera Marguerite PASQUEREAU, née au Petit-Plessix le 07/03/1787. Le couple Jean GUILBAUD - Marguerite PASQUEREAU aura 4 enfants : Jean GUILBAUD, Marie-Justine GUILBAUD, Julien GUILBAUD et Augustin-Julien GUILBAUD. Parmi leurs descendants, certains sont toujours à Mouzillon.

Jeanne DENIS la mère de Pierre GUILBAUD est née vers 1795 à Mouzillon. Elle est le troisième enfant de Anne DENIS et de Claude DENIS. Ce dernier est lui aussi mort le 18 mars 1794 dans les petits prés de Vallet, victime des troupes républicaines. Ils sont cultivateurs viticulteurs, petits propriétaires.

Pierre GUILBAUD (le boulanger) est l'ainé d'une famille de 5 enfants :

1) Pierre né le 19/12/1816, le boulanger

2) Jean GUILBAUD, né le 31/12/1819. Il épousera le 26/11/1855 Joséphine Caroline HUCHET de la Gréuzardière, qui est tailleuse d'habit

3) Félix GUILBAUD né le 11/07/1823. Nous avons peu d'information à son sujet. Lors du recensement de 1836, un dénommé Félix GUILBAUD est domestique au Petit-Plessix; mais s'agit-il de lui où de quelqu'un qui porte le même nom ? En 1864, à l'occasion d'un évènement familial, il est cité comme marchand de meubles à Paris. Le fait d'un Mouzillon qui va s'installer à Paris est assez rare pour être noté. Le fait qu'il soit marchand de meuble montre qu'il avait une grande capacité d'adaptation pour exercer une profession nettement différente de celles qui étaient exercée dans l'environnement de son enfance.

4) Jeanne Marie GUILBAUD née le 29/11/1825. Le 13/1846 elle épousera à Mouzillon Jean-Baptiste COUILLEAU

5) Marie Augustine GUILBAUD née le 02/12/1829. elle épousera Jean DEFONTAINE le 16/11/1857 à Mouzillon.

L'itinéraire de Pierre GUILBAUD

Pierre a probablement été à l'école à Mouzillon. A-t-il eu une formation plus complète ailleurs ? Il faudrait des indices précis pour l'affirmer. En revanche, il est clair que ce Pierre GUILBAUD qui était l'ainé n'a pas suivi le mouvement qui consiste à faire comme ses parents, comme ses voisins. Les registres ne le mentionnent jamais comme agriculteur ou cultivateur ou viticulteur... Il a choisi une autre profession.

En 1836, il a 20 ans, il n'est pas parmi les habitants de Mouzillon recensés.

De même, il ne figure pas sur les listes de recensement des mouzillionnais en 1841, ni en 1846. En revanche, les listes du recensement de Nantes en 1841 (livre 2 - page 269 - n° d'ordre 1613, ménage 4) mentionnent bien un Pierre GUILBAUD, garçon, ouvrier. Ce Pierre GUILBAUD habitait route de Paris, à proximité de la rue des Chalatres. Il demeurait dans une maison où le maitre était un cordonnier. C'est peut-être le lieu où il prenait pension. Peut-être allait-il travailler dans une autre entreprise de commerce ou d'artisanat de la ville. Ce sont des hypothèses plausibles, mais il n'est pas prouvé que ce Pierre GUILBAUD est bien celui qui sera boulanger à Mouzillon.

En revanche, dans les registres du recensement de 1846 à Nantes, existe un Pierre GUILBEAU, cité livre 3, page 241, n° 7098 Pierre GUILBEAU, garçon boulanger, 29 ans. La boulangerie est située "Basse grande Rue" et est tenue par François GABORY et Fanny LEMONIER.

Le 13 Novembre 1846, Pierre GUILBAUD est cité comme témoin lors du mariage de sa sœur Jeanne-Marie GUILBAUD avec Jean-Baptiste COUILLEAU. Le registre précise que Pierre GUILBAUD est boulanger, domicilié à Nantes.

Le 05/02/1849, à l'age de 33 ans, il épouse Marie GUERIN de 10 ans plus jeune que lui. Le jour du mariage étaient présents son fère Jean GUILBAUD, tonnelier, son beau-frère Jean-Baptiste COUILLEAU, Jean Babonneau arpenteur, Pierre GUERIN agé de 69 ans, oncle paternel de l'épouse domicilié aux Corbeillières.

Marie GUERIN est née au bourg de Mouzillon; elle est fille de François GUERIN mareschal, décédé le 27/11/1840, et de Louise MARTIN. Marie a un frère né en 1833 : Pierre GUERIN qui est apprenti tonnelier en 1851.

Le couple s'installe à Mouzillon et est désormais associé à la boulangerie qu'ils tiennent activement.

De ce couple naitront 11 enfants :

1) Pierre-Félix GUILBAUD (1850-1850)

2) Dominique GUILBAUD, né en 1851, qui sera boulanger à la Boissière-du-Doré puis à Vallet

3) Marie-Clémentine GUILBAUD, né en 1853, qui épousera Adolphe HARDY en 1884

4) Léontine GUILBAUD née en 1855;

5) Agnès Jeanne GUILBAUD née en 1858;

6) Clément-Pierre GUILBAUD né en 1860. Il exercera la profession de boulanger à Mouzillon. Il épousera Marie-Anne FOULONNAU en 1884. Il sera maire de Mouzillon

7) Augustine Marie GUILBAUD née en 1863. En 1886 elle épousera Pierre MABIT, Bourellier à Mouzillon.

8) Jean-Baptiste GUILBAUD né en 1865. Lui aussi sera boulanger à Mouzillon.

9) Marie-Thérèse GUILBAUD née en 1868 et décédée en 1869.

10) Ernest Pierre Auguste GUILBAUD né en 1870;

11) Hyacinthe-Aurore GUILBAUD née en 1872.

Le compte-rendu des délibération du conseil municipal de 1880 nous donne un éclairage précieux sur la vie de Pierre GUILBAUD :

Le conseil municipal de Mouzillon, le 31 octobre 1880

"... M. Le Maire donne lecture d'une lettre de M. le Préfet en date du deux octobre courant par laquelle le Conseil Municipal est appelé à donner son avis sur une pétition du sieur GUILBAUD Clément relative au versement de quinze-cent francs pour l'engagement conditionnel d'un an.

Le Conseil considérant que le sieur GUILBAUD Pierre boulanger à Mouzillon, père de neuf enfants, est infirme, ne pouvant plus travailler et ne peut marcher qu'avec l'aide d'une canne par suite d'une fracture qu'il s'est faite au genou gauche sous les drapeaux en Algérie;

Le Conseil, après avoir délibéré à l'unanimité prie M. le préfet de vouloir bien prendre en considération la demande du sieur GUILBAUD Clément..."

Ainsi Pierre GUILBAUD a donc été militaire en Algérie; au cours de cette période il s'est fracturé le genou gauche au point qu'en 1880 il ne peut plus travailler et qu'il marche avec l'aide d'une canne.

Le 10/10/1887 meurt Marie GUERIN, épouse GUILBAUD, à l'age de 61 ans.La déclaration est faite par son fils Clément GUILBAUD, boulanger, et par son gendre Adolphe HARDY, menuisier.

Le 15/02/1891 meurt Pierre GUILBAUD à l'age de 75 ans. La déclaration est faite par son fils Clément GUILBAUD, boulanger, et par son gendre Adolphe HARDY, menuisier.

La vie professionnelle de Pierre GUILBAUD

Pour commencer il faut bien noter que le mot "profession" n'avait pas la même connotation qu'au XXIème siècle. Par exemple le père de Pierre GUILBAUD est parfois cité dans les registres comme cultivateur et parfois cité comme tonnelier.

La formation professionnelle était souvent liée à un compagnonage, à un voisinage, à un mimétisme... Chacun apprenait à partir de ce qu'il voyait faire; il s'agissait une formation par l'expérience.

De plus la profession des femmes n'est pas souvent citée; il apparait cependant que des jeunes filles avaient des spécialités comme "tailleuse d'habits"... "fileuse"... "épicière"...

Quelle a été la formation professionnelle de Pierre GUILBAUD ? La réponse à cette question reste sur des hypothèses.

Un texte de justice mentionne bien le nom de Pierre GUILBAUD. Il s'agit d'un jugement près le tribunal simple police de la ville de Nantes en date du 1er février 1833. En effet, le 15 novembre 1832, le dit Pierre GUILBAUD a été verbalisé pour avoir exposé en vente plusieurs pains qui n'avaient pas le poids prescrit par les règlements. Ce Pierre GUILBAUD est-il celui qui est né à Mouzillon le 19/12/1816 ? Il n'aurait eu que 16 ans au moment des faits... ce n'est pas impossible : Pierre GUILBAUD aurait pu être une jeune qui se faisait de l'argent de poche en marge de son apprentissage ? Cette hypothèse serait cohérente avec ses origines modestes, avec sa passion pour la boulangerie. Mais le rejet du pourvoi formé par le commissaire de police ne permet d'assurer que ce Pierre GUILBAUD est le créateur du "Petit Mouzillon".

Vers 1836, Pierre GUILBAUD est appelé sous les drapeaux. Il est affecté en ALGERIE. Pendant cette période, peut-être a-t-il mis en œuvre ses compétence de boulanger ? Il a pu accroitre ses connaissances professionnelles.

Après avoir été démobilisé, il est garçon boulanger à Nantes, au cœur de la ville, Basse Grande Rue, entre la place du Change et l'Erdre (le cours de 50 otages actuel). Là il a surement consolidé et élargi son savoir faire, ses compétences.

en 1949, quand il se marie et s'installe à Mouzillon, il est donc prêt à créer sa propre boulangerie.

Quoi qu'il en soit, il fallait un peu d'audace et de foi dans l'avenir pour s'installer comme boulanger. En effet, de nombreux villages possédaient leur four : ceux du Petit Plessix et du grand Plessix n'ont été détruits que dans la deuxième partie du XXième siècle. La Recivière a conservé encore un four... En s'installant comme boulanger, Pierre GUILBAUD entrait dans cette parcellisation des tâches, dans la spécialisation professionnelle, tournant ainsi le dos à une société familiale où toutes les tâches sont prises en charge par la famille. Avec cette parcellisation des tâches, c'est aussi un renforcement des liens communautaires qui se met en place.

A partir de la date de son mariage le 05/02/1849 Pierre GUILBAUD est toujours cité comme boulanger. C'est cette profession qui le caractérise et qui caractérise l'activité du couple.

Où se trouvait le fournil à cette époque ? vraisemblablement là où était le fournil tout au long du XXème siècle, place de l'église.